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blog non officiel de Nicolas Sarkozy
17 avril 2007

Nicolas Sarkozy, entre rupture et clientélisme

Source: le monde

Il y a cinq ans, un Alien politique a surgi sur la scène publique française. A peine nommé ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy parcourt le pays dans tous les sens, avec une énergie et une constance jamais démentie. Hyper-actif mais infatigable, volubile mais refusant la langue de bois, il rêve d'être le champion d'une nouvelle manière de gouverner. Les Français sont subjugués. Quelques semaines à peine après sa prise de fonctions Place Beauvau, sa popularité atteint des sommets.

Parcours

1955. Naissance à Paris.

1974. Adhère à l'UDR ; soutient Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle.

1983. Maire de Neuilly-sur-Seine, à l'âge de 28 ans.

1993. Ministre du budget dans le gouvernement de cohabitation de Balladur.

1995. Soutient Edouard Balladur au premier tour de l'élection présidentielle.

2002-2007. Occupe les ministères de l'intérieur et de l'économie.

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Dès ses débuts, à la convention UDR de Nice, le militant âgé de 20 ans, en lançant son fameux "Etre gaulliste, c'est être révolutionnaire", offre à son public l'un des aspects les plus séduisants de son caractère : une énergique détermination à faire bouger les choses. Balayant les idées reçues, intrépide face aux conservatismes, ce Nicolas Sarkozy-là a foi en ses convictions : l'effort doit être récompensé, la liberté d'entreprendre favorisée, le travail valorisé et l'initiative encouragée.

En outre, son approche pragmatique et postidéologique rompt avec la pensée unique franco-française : si la Grande-Bretagne connaît un faible taux de chômage, Nicolas Sarkozy veut en comprendre les causes ; et si les Etats-Unis parviennent à promouvoir les minorités ethniques, de la même manière il en tirera un enseignement. Tout comme Tony Blair, il ne s'encombre pas des clivages politiques. Si un concept de gauche tel que la suppression de la double peine lui paraît équitable, il le reprend à son compte sans états d'âme, contrepoint de sa politique sécuritaire. "Enfin un homme politique français avec lequel on peut travailler", confie à cette époque un diplomate britannique.

Il est certain que Nicolas Sarkozy n'a jamais été le libéral convaincu ou le blairiste que les Anglo-Saxons aiment à penser qu'il est. L'interventionnisme industriel (Alstom) et le patriotisme économique (Sanofi-Aventis) qu'il mit en place en 2004, alors patron de Bercy, ne trouvèrent guère grâce aux yeux de Tony Blair. Cependant, pour les observateurs anglo-saxons, témoins de la paralysie de la scène politique française, Nicolas Sarkozy semblait avoir compris comment revigorer l'économie hexagonale.

Mais, au fond, le candidat d'aujourd'hui est-il cohérent avec l'homme politique d'hier ? Est-ce bien le même qui fustige la surévaluation de l'euro, cause selon lui des difficultés de l'industrie française ? Est-ce bien le même qui souhaite - une absurdité - "moraliser le capitalisme", qui parle plus de protection que de croissance, et qui menace de sanctions les entreprises qui délocalisent ? Est-ce bien le même qui multiplie les promesses électorales, décrédibilisant son objectif de baisser les prélèvements obligatoires ? Pourquoi le candidat a-t-il escamoté sa proposition de discrimination positive, tout en abandonnant sa politique équilibrée entre justice et fermeté, à propos de l'immigration et de l'intégration ?

Bref, est-il le théoricien de la rupture ou plutôt un praticien du clientélisme économique ? Est-il l'homme qui affirme, le 14 janvier 2007, "J'ai changé", ouvrant ses bras à tous les Français, ou celui qui menace : "Ceux qui n'aiment pas la France ne sont pas obligés d'y rester" ?

Le véritable Nicolas Sarkozy reste difficile à décrypter. Les motivations de ses vingt-cinq années d'activité politique semblent moins arc-boutées à une idéologie qu'à un désir manifeste d'exister dans la différence, qu'au besoin inapaisable de laisser son empreinte, celle d'un jeune homme, comme il l'a écrit, "prêt à tout sacrifier à son ambition".

Qui sait d'où provient sa farouche détermination ? Exigence de réussite d'un fils d'immigré ? Humiliations subies pendant l'enfance ? Volonté de contredire la prédiction paternelle : "Avec le nom que tu portes et les résultats que tu obtiens, jamais tu ne réussiras en France" ?

Quelles qu'en soient les origines, les valeurs qui le conditionnent, Nicolas Sarkozy veut les voir opérantes chez les autres : travail, mérite, responsabilité. Bien qu'il ait grandi à Neuilly-sur-Seine, les circonstances familiales, après l'abandon du père, l'ont démarqué socialement de son milieu bourgeois. Le "petit Français au sang mêlé", comme il aime à se définir, sans appui politique, sans fortune, sans badge de l'ENA, a gravi tous les échelons grâce à son intuition politique, son énergie, sa volonté... et son opportunisme insolent.

En 1983, après la mort soudaine d'Achille Peretti, il ravit la mairie de Neuilly au nez de son mentor, Charles Pasqua. Il réitère son exploit, prenant d'assaut la présidence de son parti en 2004, comme l'avait fait trente ans plus tôt Jacques Chirac. Les désastres - l'échec à la présidentielle de 1995 d'Edouard Balladur, qu'il soutint, alors qu'il était ministre du budget, et ses résultats rachitiques aux élections européennes de 1999 - lui ont donné une détermination d'acier. Placardisé par la chiraquie après l'élection de 1995, Nicolas Sarkozy a nourri un désir de revanche, celui de lui démontrer qu'elle avait tort.

Fort de sa propre réussite, cet authentique méritocrate semble prêt non seulement à s'attaquer à la bastille des privilèges, férocement défendue en France, mais aussi à se battre pour l'égalité des chances. On veut le croire lorsqu'il appelle de ses voeux la mise en place de l'ascenseur social, rêvant à ce que la société américaine a accompli de plus exemplaire en matière de discrimination positive, par exemple avec la réussite de Colin Powell ou de Condoleezza Rice.

Ainsi, à juste raison, peut-on regretter la manière avec laquelle Nicolas Sarkozy a tempéré son zèle réformiste et droitisé son discours pendant cette campagne. Son courage n'est pas à mettre en doute - les Français se souviennent du sang-froid du maire de Neuilly pendant la crise des enfants otages -, ni sa pugnacité ni son engagement tonitruant - ses colères sont impressionnantes pour qui en est témoin. Mais ce qui pourrait lui coûter cher, c'est son incapacité à projeter une image chaleureuse, celle d'un "nice guy".

Face au populisme de droite et de gauche, moteur de la campagne présidentielle 2007 et à la surenchère de promesses électorales, Nicolas Sarkozy saura-t-il imposer sa différence dans la rigueur afin de résister à la facilité ? "Le mensonge durant la campagne se paie au prix de l'immobilisme durant le mandat", a-t-il écrit dans Témoignage. La lucidité de l'auteur d'hier ne vaut-elle plus pour le candidat d'aujourd'hui ?

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