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blog non officiel de Nicolas Sarkozy
10 janvier 2007

Quel jeu joue Jacques Chirac ?

source: le monde

chiracla : Jacques Chirac va-t-il se représenter ?

Béatrice Gurrey : Personne n'est dans la tête du président, comme l'a dit Bernadette Chirac hier soir sur TF1. Mais raisonnablement, l'hypothèse d'une cinquième candidature, et a fortiori d'un troisième mandat, n'est pas très plausible.

 

megue : Pensez-vous que le président de la République prendra seul sa décision de se présenter ou qu'il consultera une ou plusieurs personnes de son entourage ?

Béatrice Gurrey : Comme d'habitude, je pense qu'il consulte ses amis, ses conseillers, mais que cette décision lui appartient en propre. Il me semble qu'il se sent désormais plus libre, quelle que soit sa décision, y compris celle de renoncer.

Fab69008 : Pourquoi M. Chirac met-il si longtemps à affirmer sa position ?

Béatrice Gurrey : Il était impossible qu'il annonce quoi que ce soit avant l'investiture officielle de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, plus il attend avant de faire connaître ses intentions, plus il pèse et garde la maîtrise de la situation.

Cela dit, la quasi-totalité de la droite s'est rangée derrière son candidat, Sarkozy. Dominique de Villepin, qui apparaît comme le seul capable de se présenter contre le ministre de l'intérieur, a toutefois de nombreux handicaps.

Eric Zürich : Pensez-vous que M. Chirac essaie actuellement de garder un peu de crédibilité au niveau international ou a-t-il une stratégie délibérée de nuire à M. Sarkozy ? Ou les deux ?

Béatrice Gurrey : Jacques Chirac a incontestablement une crédibilité en matière de politique internationale. Non seulement par rapport à ses pairs, mais dans l'opinion française. Le programme très chargé qui l'attend sur le plan international, avec la conférence sur le Liban, le sommet de l'environnement et le sommet France-Afrique, est très maîtrisé.

Je crois qu'il veut terminer son mandat avec ces dossiers sur lesquels il a beaucoup travaillé, et qu'il considère que ses éventuels successeurs manquent encore de connaissances et de maturité dans ce domaine. Il n'a guère apprécié le déplacement de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis il y a quelques mois, lorsque le ministre de l'intérieur a ouvertement critiqué l'attitude de la France envers l'Amérique.

Prospero : Pourquoi Jacques Chirac est-il aussi dur avec Nicolas Sarkozy ? Un désir de vengeance après 1995 ?

Béatrice Gurrey : On peut aussi considérer que Nicolas Sarkozy n'a guère fait de cadeaux au chef de l'Etat depuis que celui-ci l'a fait revenir au gouvernement en 2002. Il s'est très tôt posé en candidat à l'élection présidentielle alors que Chirac venait à peine d'entamer son second mandat. Puis, ces derniers mois, a axé sa campagne sur le thème de la rupture. Il est compréhensible que le président ne soit pas enthousiasmé par le thème de la rupture, fût-elle tranquille.

La "trahison" de Nicolas Sarkozy en 1995, lorsqu'il avait fait campagne pour Edouard Balladur, est une vieille histoire. Elle ne joue désormais qu'à la marge. Ce n'est plus le problème de Chirac.

kachtan : Pensez-vous que M. Chirac savonnera la planche de M. Sarkozy comme il l'avait fait avec VGE ?

Béatrice Gurrey : Avant tout, Jacques Chirac souhaite que son bilan ne soit pas critiqué dans son propre camp. De là à faire perdre Nicolas Sarkozy, il y a un pas que je ne le crois pas prêt à franchir. Le bilan d'un président sortant est davantage terni lorsque son camp perd.

Toute la droite attend que le président adoube le candidat de l'UMP. Je ne sais pas s'il ira jusque-là. Pour l'instant, il s'en tient à une stratégie qui éprouve le ministre de l'intérieur : une caresse, un coup de griffe.

Par exemple ce matin, lors des vœux à la fonction publique, Claude Chirac, la fille du président, a eu un très long aparté avec Nicolas Sarkozy, ce que tout le monde a interprété comme un signe de bienveillance. Peut-être est-il destiné à compenser l'absence de Bernadette Chirac au congrès de l'UMP le 14 janvier, elle qui ne manque habituellement aucune des grands-messes de la droite.

remus511 : Y a-t-il un clivage marqué au sein de l'UMP entre les "sarkozystes" et les "chiraquiens", sur quoi repose ce clivage et les deux camps sont-ils réconciliables ?

Béatrice Gurrey : Lorsque Jacques Chirac reproche à Nicolas Sarkozy d'être "libéral, atlantiste, communautariste", ce sont de vrais reproches de fond de nature idéologique. Les points de vue paraissent irréconciliables, mais Nicolas Sarkozy a trop d'intelligence politique pour se tenir à des positions que l'opinion rejette fondamentalement. Jacques Chirac a la conviction que le libéralisme ne fait plus recette en France, que sa position vis-à-vis des Etats-Unis était la bonne, et que les valeurs qu'il a portées, telle la laïcité, ont encore un avenir.

toucan973 : Jacques Chirac n'a-t-il pas intérêt à passer un accord avec Nicolas Sarkozy, qui, s'il est élu, pourra faire traîner ses "casseroles" judiciaires ?

Béatrice Gurrey : Je ne sais pas quel accord peut tenir entre ces deux hommes. Pour ce qui est du dossier judiciaire du chef de l'Etat, il me semble aujourd'hui assez mince. Alain Juppé a été le principal accusé dans les affaires de financement du RPR.

jean-pierre fernandez : Jacques Chirac ne va-t-il pas faire voter, en sous-main, pour François Bayrou afin de conserver une droite raisonnable pour la France, car politiquement ce serait une bonne porte de sortie pour valider sa politique ?

Béatrice Gurrey : Encore faudrait-il qu'il ait ce pouvoir. Je crois surtout qu'il n'en a pas du tout envie. Il a des rapports exécrables avec François Bayrou et a constitué l'UMP contre le président de l'UDF. Il voulait tout simplement l'avaler, et Bayrou s'est défendu, portant parfois des critiques contre le gouvernement plus virulentes que celles de la gauche.

TITI : Quel sera dans la décision de Jacques Chirac le poids respectif du psychologique (quitter le pouvoir en le laissant, à droite, à quelqu'un qu'il n'apprécie pas) et du politique (barrer la route à des idées qu'il récuse, sur le rôle du président, le communautarisme etc.) ?

Béatrice Gurrey : Contrairement à ce qui est dit souvent, je pense que Jacques Chirac a des convictions, mais il est difficile de définir le poids respectif de toutes les composantes qui entreront dans sa décision.

 

D'artagnan : M. Chirac a-t-il un poulain sous le coude qu'il pourrait lancer dans la campagne dans les mois qui viennent pour contrer M. Sarkozy ?

Béatrice Gurrey : La réponse est clairement non. Cette histoire d'héritier, de fils préféré, m'a toujours laissée assez sceptique. Aucun homme de pouvoir de grande envergure, quels que soient les reproches qu'on puisse lui faire, ne rêve de voir quelqu'un lui succéder.

Pourquoi "choisit-il" Juppé ? Parce que sa mécanique intellectuelle le fascine, qu'il a toujours un raisonnement prêt. Mais Chirac sait aussi que cet homme-là ne sera jamais vraiment populaire.

jaquechess : Comment la bascule d'Alain Juppé dans le camp de M. Sarkozy va-t-elle être vécue par le président ? Que doit-on en penser ?

Béatrice Gurrey : Je ne pense pas que ce ralliement lui ait fait particulièrement plaisir, même s'il sait que rien ne pouvait l'empêcher. Cela dit, sa préoccupation première est la trace qu'il va laisser dans le pays.

Nasredin : Ne peut-on pas voir dans l'attitude de Jacques Chirac (et même de Dominique de Villepin) une simple façon de retarder le plein élan de M. Sarkozy ? Ce suspense concernant la candidature de M. Chirac n'est-il pas le moyen pour M. Sarkozy de prendre son temps afin de ne pas s'user, comme cela risque d'arriver à Ségolène Royal ?

Béatrice Gurrey : Même si tout le monde sait que Nicolas Sarkozy sera candidat, sa désignation officielle le 14 janvier marquera une étape. Il est très difficile pour lui d'entrer véritablement en campagne avant cette date. Il lui faudra aussi régler la question délicate du moment où il sortira du gouvernement. Il sera plus libre de parole lorsqu'il ne sera plus ministre, mais il n'aura plus aucune prise sur les décisions. Il reste seize semaines. Cela peut sembler très court, mais il peut se produire beaucoup d'événements pendant ce laps de temps.

Hector : Qu'est-ce qu'attend M. Villepin dans tout cela ? Qu'est-ce qui le pousse à décider de ne pas voter pour l'investiture de Sarkozy au congrès de l'UMP alors qu'il sait maintenant que ses chances à lui pour 2007 sont inexistantes ?

Béatrice Gurrey : Ce n'est certainement pas ce que pense Dominique de Villepin ! Le réalisme oblige à constater, comme vous, que ses chances sont très minces. Mais il n'a pas renoncé, s'il juge que les circonstances le permettent, à concourir.

Aucun candidat de la droite ne veut prendre le risque d'un remake du 21 avril 2002. Il faudrait par exemple – ce qui ne paraît pas plausible pour l'instant – que Jean-Marie Le Pen ne soit pas présent dans la compétition pour que le premier ministre décide qu'il a ses chances.

achille : L'attitude de Chirac ne serait-elle pas tout simplement celle d'un "vieux" qui ne veut pas passer la main ?

Béatrice Gurrey : Pour la première fois, la plupart des principaux candidats sont quinquagénaires et n'ont jamais vécu une campagne présidentielle en première ligne. Ce fait nouveau vieillit d'une certaine façon le président. On peut penser qu'il pourrait alors jouer de l'expérience et de la sagesse, mais le besoin de changement et de renouvellement dans l'opinion me paraît plus fort.

Pour la plupart des chiraquiens, le seul facteur qui pourrait créer à nouveau l'appétit pour le président sortant serait un événement international extrêmement grave. Par exemple une accélération de la crise au Proche et au Moyen-Orient.

Alex : Quand pensez-vous que Jacques Chirac va se dévoiler pour la présidentielle ?

Béatrice Gurrey : Je crois qu'il attendra d'avoir mené à bien tous ses rendez-vous internationaux et que le Parlement, réuni en Congrès, ait voté les dernières réformes constitutionnelles qu'il a souhaitées pour ce quinquennat, ce qui nous mène déjà à la fin du mois de février. En tout état de cause, je ne pense pas que cela puisse se produire avant.

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