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blog non officiel de Nicolas Sarkozy
10 septembre 2006

Université d'été de l'UMP : quel bilan ?

Source: le monde

L'intégralité du débat avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", lundi 4 septembre 2006

Dam :  Selon vous, comment les militants de l'UMP se positionnent-ils face à l'éventualité d'une nouvelle candidature de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 2007 ? Cette hypothèse leur semble-t-elle complètement farfelue ou est-elle, selon eux, fortement plausible ?   


Philippe Ridet :  Je pense que, selon les militants de l'UMP, cette hypothèse est totalement farfelue. Même si l'image du président Chirac reste une référence à l'UMP, c'est surtout une référence du passé. Ces militants ont aussi une réflexion politique : ils ont compris qu'il n'y avait plus d'espace pour le président de la République, sauf une crise internationale d'une telle gravité qu'elle conduirait le président à vouloir repartir pour un mandat supplémentaire. 

Wyssam :  Le discours de Michèle Alliot-Marie (qui fut très applaudie par l'ensemble des militants) fait-il d'elle une candidate crédible face à Nicolas Sarkozy ? 

Philippe Ridet :  Non, le discours a certes été applaudi, mais il n'avait pas de contenu programmatique. Il était dénué de tout signe montrant qu'elle a une ambition véritable.

Durant l'université d'été de l'UMP, Michèle Alliot-Marie a reçu à plusieurs reprises des journalistes pour leur expliquer qu'elle était prête à toute éventualité, y compris celle de se présenter une fois que le candidat de l'UMP aura été désigné en janvier 2007. Mais elle s'est bien gardée de le dire à la tribune. Au cas où elle l'aurait fait, je ne suis pas sûr qu'elle aurait été autant applaudie.

Selon le sondage paru, dimanche 3 septembre, dans le Journal du dimanche, Nicolas Sarkozy est très loin devant dans les souhaits de candidatures exprimés par les Français. Mme Alliot-Marie ne récolte quant à elle que 4 %. Même si l'on ne peut pas exclure catégoriquement une candidature Alliot-Marie, on voit mal de quel espace politique elle dispose.

Enfin, rappelons que Mme Alliot-Marie a validé, lors d'un conseil politique de l'UMP en décembre 2005, la procédure choisie par le parti pour désigner son candidat. A cette époque, elle s'est donc rangée derrière l'idée d'une candidature unique. 

Georges59 :  Dominique de Villepin peut-il encore espérer représenter la droite à la présidentielle de 2007 face au leadership Sarkozy ? 

Philippe Ridet :  Je crois que Dominique de Villepin semble avoir renoncé à cette ambition. Elle était la sienne jusqu'à la crise du CPE et l'affaire Clearstream. Mais ces deux événements ont jeté le trouble probablement en lui-même, mais surtout parmi ses soutiens, y compris celui du président de la République. Le chef de l'Etat lui-même paraît s'être rangé bon gré mal gré à une candidature de Nicolas Sarkozy. Ce dernier, en prenant les rênes du parti en 2005, a aussi mis à son service une machine électorale et financière qui fera défaut à tout autre candidat de l'UMP. 

Bernardo :  Peut-on parler d'une génération Sarkozy ? 

Philippe Ridet :  Génération Sarkozy ? peut-être. Mais les jeunes qui applaudissaient Nicolas Sarkozy ce week-end à Marseille sont les petits frères de ceux qui applaudissaient douze ans plus tôt Jacques Chirac lors des universités d'été du RPR. Toutefois, Nicolas Sarkozy a démontré, si l'on regarde le nombre d'adhérents de l'UMP, que c'est son nom qui constitue le meilleur produit d'appel du parti. Parmi ces nouveaux adhérents, les jeunes ne sont pas mieux représentés que leurs aînés. Plutôt que d'une génération Sarkozy, il vaudrait mieux parler d'un effet Sarkozy qui s'exerce à droite sur toutes les tranches d'âge. 

Pechinot :  A l'issue de cette université d'été, que vous paraît être le point faible de la candidature de Sarkozy à la prochaine présidentielle ? 

Philippe Ridet :  Le point faible réside peut-être dans ce qui a été longtemps son point fort, à savoir la rupture. Ce concept lui a permis de faire, sans en avoir l'air, le procès du chiraquisme et d'illustrer sa différence avec Dominique de Villepin quand celui-ci faisait jeu égal dans les sondages. Aujourd'hui, on se rend compte que dans ce mot, il y a peu de contenu. Jusqu'à maintenant, Sarkozy préconisait une rupture avec le modèle social, le modèle de croissance, le modèle de répartition. Aujourd'hui, il semble le définir plus comme une attitude et une méthode de gouvernance. Pour ceux qui s'attendaient à un virage libéral, le discours de Sarkozy leur a montré les limites de la volonté de changement du président de l'UMP. 

David :  C'est la première fois que je compte participer à une élection. Il me semble que les points de vue des deux candidats (Sarkozy et Royal) sont passablement proches et j'ai du mal à choisir. Pourriez-vous faire le point sur les différences marquantes qui ressortent des discours tenus lors de ces "universités d'été" ?

Philippe Ridet :  Sur le fond, les deux candidats ont choisi de se battre sur les valeurs. Chacun à sa manière, ils ont ouvert le procès de la génération 1968 en le claironnant pour Nicolas Sarkozy, et sans le dire explicitement pour Ségolène Royal. Au fond, tous deux regrettent une société d'avant-68 fondée sur le respect : le respect de l'enfant pour ses parents, le respect de l'élève pour le maître, et peut-être, d'une certaine façon, le respect des Français pour les hommes et les femmes politiques.

Les différences sont plutôt à chercher dans le programme économique des deux candidats. Dans le programme du PS que Mme Royal devra appliquer si elle est désignée candidate par son parti, il y a un retour très net à une forme d'étatisme. Dans celui de M. Sarkozy, même si on ne peut parler d'ultralibéralisme, il y a une volonté de réaliser des économies substantielles sur le train de vie de l'Etat. Le PS fait le pari qu'une croissance retrouvée lui permettra de financer ses réformes. L'UMP croit au contraire que c'est en réduisant le train de vie de l'Etat, en diminuant le nombre de fonctionnaires, qu'il trouvera les marges de manœuvre pour conduire ses réformes. 


Brice :  Comment est perçue la stratégie de rapprochement de l'UMP avec certaines "stars" du showbiz ? Je pense particulièrement à Doc Gynéco, qui s'était jusque-là présenté à son auditoire comme un "fumeur de canabis à l'attitude molassonne" et donc loin des désirs "d'action" de M. Sarkozy ! 


Philippe Ridet :  La présence de Doc Gynéco à l'université d'été de l'UMP doit être vue comme un symbole, même si j'ai conscience que le mot est fort. C'est son image qui est utilisée, et non pas les propos qu'il a pu tenir ici ou là. Je crois qu'à l'heure où Djamel Debbouze soutient Ségolène Royal, il n'est pas indifférent à Nicolas Sarkozy de montrer que des artistes issus de la banlieue et de l'immigration disent se reconnaître dans son discours. On est ici dans une bataille d'image.

Pour le reste, je suis bien persuadé que le renfort et le soutien des personnalités du show-biz pour tel ou tel candidat ne font pas bouger une seule voix. L'essentiel, c'est qu'ils soient sur la photo... 

Nad :  Quelle est la différence entre Sarkozy et Royal en matière d'immigration ? 

Philippe Ridet :  Difficile de répondre. Ségolène Royal n'a pas encore développé de programme sur cette question. On peut supposer, au regard de ses réactions concernant les demandes de régularisation des sans-papiers ayant un enfant scolarisé, ou l'expulsion de la cité universitaire de Cachan, qu'elle s'oppose à la politique d'immigration choisie, défendue par Nicolas Sarkozy. Mais il faut encore attendre pour en savoir davantage. 

Romain94600 :  Sarkozy a-t-il oublié l'affaire Clearstream ? 

Philippe Ridet :  Il est intéressant de noter que depuis le rapprochement amorcé entre M. de Villepin et M. de Sarkozy au début de l'été, l'affaire Clearstream ne fait plus parler d'elle. M. Sarkozy s'est engagé dans la recherche de la vérité. Maintiendra-t-il cet objectif à présent qu'il n'a plus d'adversaire à abattre ? Cela dit, la disparition dans les médias de l'affaire Clearstream ne veut pas dire que les juges ne s'y intéressent plus. 

Plouf_le_chachalot :  Qui détermine le discours de Sarkozy sur l'éducation ? Qui sont ses conseillers ? 

Philippe Ridet :  Concernant l'éducation, il n'y a pas de conseiller particulier. Son discours à ce sujet est celui, classique, de la droite depuis plusieurs années. Celle-ci soutient que l'école doit être plus élitiste, davantage tournée vers la transmission des savoirs et vers le monde de l'entreprise. Dans ce discours, néanmoins, on peut reconnaître dans ses passages les plus lyriques, notamment ceux concernant les jeunes révolutionnaires de 1789, les jeunes soldats de 14-18 et les jeunes résistants de 1940 du lycée Buffon, la patte de l'économiste séguiniste Henri Guaino. Depuis un peu moins d'un an, cet homme, qui fut commissaire au Plan nommé par Jacques Chirac en 1995, irrigue la pensée de Nicolas Sarkozy de références historiques qui lui donnent parfois ce côté passéiste. 

Pour le reste, les conseillers de Nicolas Sarkozy viennent d'horizons assez divers. Certains, comme Emmanuelle Mignon, sont ouvertement ultralibéraux ; d'autres, comme François Fillon, font jouer la fibre sociale. Visiblement, M. Sarkozy choisit de les écouter alternativement, ce qui lui permet, à chacun de ses discours, de viser un public différent, en attendant, j'imagine, de les rassembler tous quand il sera dans une stratégie de deuxième tour. 

Polo :  Peut-on parler d'une "peopolisation" des hommes politiques ? 

Philippe Ridet :  Oui. Celle-ci n'est pas nouvelle, même si Nicolas Sarkozy l'a poussée à un point qui sera difficilement atteignable (encore que...). La "peopolisation" de la vie politique a commencé avec les années Giscard. Elle s'est évidemment poursuivie dans les années Mitterrand, avec l'apparition, à la fin du règne de l'ancien président de la République, de sa fille cachée, Mazarine.

Ses conséquences ne sont pas, selon moi, sans effet. L'image d'un bonheur privé peut rejaillir en positif sur l'identité d'un candidat. A l'inverse, l'image de sa dépression peut le rendre antipathique ou éloigner les Français.

Ce serait un peu injuste de ne critiquer dans cette affaire que les politiques. Il y a aussi une exigence de la presse, qui relaie elle-même un désir de ses lecteurs. Les mêmes qui s'offusquent qu'on accorde dans les journaux trop de place à la vie privée des politiques ne rechignent sûrement pas à jeter un œil, voire deux, dans un hebdomadaire people si Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou un autre en font la couverture. 

Jabby :  Une grande part de la fonction présidentielle se situe sur la scène internationale, pourtant elle semble absente des discours/débats actuels... Comment Sarkozy voit-il la position de la France sur la scène internationale ? Prône-t-il là aussi la rupture ou continuera-t-il la politique étrangère initiée par de Gaulle ? 

Philippe Ridet :  Vous avez tout à fait raison. Ce sujet est en général abordé en fin de campagne. C'est dire l'importance qu'on lui accorde... Les études, néanmoins, montrent que les électeurs français ne le considèrent pas comme déterminant, ce qui explique sûrement la frilosité des candidats à l'aborder. Ainsi, Nicolas Sarkozy a repoussé régulièrement la convention de l'UMP sur la politique étrangère. A ce jour, elle n'a toujours pas eu lieu. 

Dans son livre Témoignage, il plaide pour une politique étrangère qui repose davantage sur la morale. On peut supposer que s'il était président de la République, il privilégierait les relations de la France avec les démocraties. Lors de son déplacement en Afrique au printemps dernier, il a également expliqué que l'aide de la France aux pays africains devait être proportionnée à leurs résultats dans le domaine de la démocratie. Ce discours sonne comme une critique du chiraquisme, lui-même hérité du gaullisme, où la France est apparue peu regardante sur le plan des droits de l'homme.

Toutefois, concernant la guerre entre Israël et le Hezbollah, M. Sarkozy, dans une tribune récente au Figaro, s'est situé exactement sur la même ligne que le président Jacques Chirac, revendiquant même cette identité de vue. Pourtant, au début du conflit, il était apparu plus inconditionnel dans son soutien à Israël, et plus ferme dans sa condamnation du Hezbollah, que ne l'était alors le chef de l'Etat.

 

Ces exemples pour expliquer que la ligne de la politique étrangère du candidat Sarkozy n'est pas encore tout à fait définie. 

Nicolas :  Peut-on envisager une alliance entre l'UDF et l'UMP pour gagner les futures élections ? 

Philippe Ridet :  Oui. Paradoxalement, la violence des propos de François Bayrou à l'égard de l'UMP ne condamne pas une alliance de deuxième tour, même si M. Bayrou ne le dira jamais, du moins en ce moment. Les électeurs de François Bayrou appartiennent au camp de la droite, même si certains d'entre eux se sentent proches d'une gauche réformiste représentée par Rocard ou Strauss-Kahn. François Bayrou ne peut l'ignorer. Pour l'instant, M. Sarkozy a choisi de ne pas répondre aux attaques du président de l'UDF. C'est une marque de mépris autant qu'une manière de ne pas envenimer ses relations avec l'autre parti de la droite française.

Je n'imagine pas François Bayrou ne pas appeler ses électeurs, au soir du deuxième tour, à se reporter sur le candidat de droite qui le devancerait. S'il ne le faisait pas, cela conduirait à une crise dans son parti, voire à une scission. 

Goulag :  Quel binôme (président/premier ministre) vous paraît le plus probable pour 2007 ? Et lequel vous paraît le plus efficace pour gagner : Sarkozy/Fillon, Sarkozy/Borloo, Sarkozy/MAM ou un autre ? 

Philippe Ridet :  La question du choix du premier ministre ne peut être résolue qu'au soir du deuxième tour. C'est en fonction du rapport de force que les candidats restés en lice peuvent entrevoir ce qui leur manque encore pour accéder à la victoire et vers quelle partie de l'électorat ils peuvent se tourner en priorité. Il importe, au-delà du positionnement social ou national des trois personnalités que vous avez citées, de voir quel sera leur degré de complémentarité avec Nicolas Sarkozy. Pour l'instant, François Fillon, parce qu'il s'est rallié très tôt et parce qu'il travaille au programme de l'UMP, apparaît le mieux placé pour diriger Matignon. 

Jean-Louis Borloo, lui, compte justement sur le rapport de force qu'il saura établir avec Nicolas Sarkozy pour y parvenir. Si Nicolas Sarkozy juge qu'il a besoin des voix du centre pour l'emporter, on peut supposer qu'il fasse appel à un ancien proche de François Bayrou. 

Enfin, parce qu'elle est une femme et parce qu'elle a une compétence et une réelle popularité dans l'électorat de droite, Mme Alliot-Marie peut estimer que ses chances sont aussi valables que celles de ses rivaux. En plus, elle a un atout qu'ils n'ont pas : elle est une femme. 

Michel_1 :  Selon vous, Sarkozy préfère-t-il affronter Royal ou Jospin au deuxième tour ? 

Philippe Ridet :  Sarkozy a toujours répété que quel que soit le candidat de la gauche, il serait difficile à battre, en affirmant que tout se jouerait à 51 % contre 49 %.

S'il devait affronter Jospin, il aurait l'avantage d'être plus jeune que lui, mais le désavantage d'être moins expérimenté.

S'il devait affronter Ségolène Royal, il aurait l'avantage de l'expérience, mais paradoxalement, il apparaîtrait aussi comme l'héritier d'une politique machiste et traditionnelle. 

Chat modéré par Constance Baudry


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