Il n'y aura pas de photo pour immortaliser la rencontre,
lundi 10 octobre à Londres, entre Nicolas Sarkozy et le
premier ministre anglais,Tony Blair. Initialement prévu
à 11 heures au 10 Downing Street,ce rendez-vous a été
repoussé à 20 h 30 dans une suite d'hôtel du centre de
la capitale. "Le fait qu'il me rencontre après une journée
de travail donnera une touche plus amicale à cette
démarche", se félicitait le président de l'UMP avant cette
entrevue. Renvoyant... à l'Elysée tous ceux qui s'étonnait
de ce contretemps, comme si Jacques Chirac avait pu
demander au dirigeant britannique de faire en sorte que
lavisite du ministre français n'aitpas de caractère officiel.
Pour M. Sarkozy, toutefois, l'objectif a été atteint.
Rencontrant dans l'après-midi son homologue, Charles
Clarke, puis les ministres des finances, Gordon Brown,
et du travail, David Blunkett, il aura pu feindre de
s'interroger : "Pourquoi les 40 kilomètres qui séparent
l'Angleterre du continent suffisent à passer du plein
emploi,sans vanter aucun modèle social,à quatre millions
de chômeurs avec un modèle social ?" Pour le ministre
de l'intérieur français, "l'Europe, c'est du bench marking
-technique qui consiste à observer ce que les concurrents
font de mieux pour s'en inspirer-, et il convient de profiter
du retour d'expérience".L'expérience dont il fut question
vendredi tient en deux mots : réforme et flexibilité.
Accompagné de François Fillon et Pierre Méhaignerie, le
ministre a expliqué à ses hôtes : "Le plein emploi anglais
est quelque chose d'enviable pour nous."Or,observe-t-il,
"il se trouve que la flexibilité permet le plein emploi".
JAGUAR BLINDÉE
Nicolas Sarkozy en a profité pour attaquer la gauche
française, qui juge avec distance l'expérience blairiste :
"Si tous les socialistes étaient comme Tony Blair, on
n'aurait pas perdu autant detemps."Devant l'hôtel Mariott,
alors qu'une Jaguar blindée l'attendait pour le reconduire
à l'aéroport.En fin d'après-midi, au Riverside Park Plazza,
après avoir salué la statue du Général de gaulle, qu'il
tient pour un modèle de "la rupture" le ministre a
rencontré la communauté française, comme il le fait lors
de ses déplacements à l'étranger. Là, sans jamais citer
le nom de Dominique de Villepin, le futur candidat à la
présidentielle a lancé devant plus de 300 convives :
" La France n'est pas qu'un passé, une histoire, une
nostalgie. Ce qu'ont fait les autres pays, elle peut le
faire. C'est une histoire de volonté, nous l'avons ; une
histoire de moment, il viendra."
Philippe Ridet
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